12 mars 2016

FENÊTRE SUR COUR #1

Tel un touriste, je me baladais dans Paris en passant par les endroits les plus prisés. J’avais quitté les Champs-Élysées et le 8ème arrondissement pour rejoindre à pieds le 15ème et le quartier non moins célèbre de La Motte Picquet. 

Ma promenade m’avait emmené jusqu’au Champ de Mars. Dans mon dos notre grande dame de fer, et face à moi l’élégante École Militaire. Le parc du Champ de Mars regorgeait de petits squares où bancs et jeux pour enfants avaient été installés. Je m’arrêtais donc sur un de ces bancs et regardait, non sans une certaine mélancolie, l’aire de jeux réservée aux enfants. Finalement ce petit espace s’avérait être un point de rencontre et de rendez-vous pour les mamans et une petite cour de récréation pour leurs enfants. Grandir à Paris était un luxe, dont le coût avait son aspect positif mais aussi plus négatif. Vivre dans l’une des plus belles villes du monde faisait des envieux, mais grandir dans une ville où les espaces verts se font rares et où le métro était le moyen de transport par excellence avait quelque chose de bien triste. Je repensais à ces heures d’enfance en province. Nous avions le plaisir de courir dans des jardins, d’apprendre à faire du vélo sur les chemins de forêt et d’être entourés d’une certaine quiétude que je ne retrouvais pas à Paris. 

Malgré cela, je regardais ces enfants courir et jouer dans ce petit parc. Ils ne se connaissaient pas mais devaient, peut-être, se retrouver quelques jours par semaine dans leur espace réservé. Une petite fille attira mon attention, plus débrouillarde que les autres, elle s’attela à sa mission du jour : gravir cette petite échelle pour atteindre un parcours du combattant, version miniature et ultra sécurisée pour éviter tous bobos qui apporteraient malheureusement cris et larmes. En haut de cette échelle, un petit garçon - qui avait déjà vaillamment grimpé au sommet - la regardait faire et l’encourageait. Forte de ces encouragements, cette petite fille gravit les barreaux et se retrouva elle aussi au sommet. Elle surplombait le parc et au dessus d’elle la Tour Eiffel veillait paisiblement. La nuit hivernale tombait peu à peu, et la Grande Dame revêtissait alors son manteau scintillant. 

Les deux enfants continuèrent alors leur petit parcours, main dans la main. Douce mélancolie… Les relations étaient bien plus faciles à ce moment de notre vie : une aire de jeux (ou plutôt un paquet de billes pour notre génération) pouvait nous réunir. Nul besoin de parler, de juger, d’apprendre à se connaître, la naïveté des enfants leur donnait toute leur beauté : ils se moquaient de tout et seuls leurs jeux avaient de l’importance. Seul leur monde aux milles couleurs, où tout le monde était admis, leur importait. J’admirais cette candeur silencieusement. 

Mais, l’hiver venait couper court à leurs jeux. La nuit s’était bien installée, et la température descendait de plus en plus. Les mamans se levaient alors, mettaient bonnets et gants à leurs enfants. Et les deux amis d’un temps se séparèrent à la sortie de l’aire de jeux. Se reverront-ils? Je l’espère. 

Je reprenais mon chemin en direction de la Motte Picquet. Les terrasses des cafés se remplissaient, malgré l’air quasi glacial. Les amis se réunissaient, la naïveté d’enfant avait disparu, les jeux n’étaient plus les mêmes. Qu’importe, le sourire d’un ami et les retrouvailles nous apportent toujours de la chaleur lors de ces longues soirées d’hiver.

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